Février sans supermarché 2019

par | 5 Mar 19 | Eco/bio/veggie | 4 commentaires

Mi-janvier 2019 je demandais dans une story sur Instagram si l’action « février sans supermarché » serait reconduite cette année. Peu de jours plus tard, j’ai été heureuse d’apprendre que l’association « En vert et contre tout » relance le défi. Dans la foulée, on m’a proposé de gérer le groupe Facebook de Bienne, avec mes deux copines Virginie du blog « Avec Panache » et Claudia du magasin « Econest » . Ensemble, nous avons créé une liste avec toutes les alternatives aux supermarchés que nous connaissons à Bienne et nous avons contacté ces commerces pour les informer du défi. Un communiqué de presse a également été envoyé et les demandes des journalistes n’ont pas tardé à arriver. L’engouement médiatique a permis de faire connaître le défi à un public beaucoup plus large, même la RTS s’y est intéressée (revue de presse à la fin de l’article).

Bilan de mon expérience personnelle

Beaucoup de nouvelles habitudes se sont ancrées dans mon quotidien depuis ma participation au défi de 2018 (bilan dans cet article). Je commandais déjà mes fruits et légumes auprès d’un maraîcher local et je me rendais une fois par semaine dans des magasins de vente en vrac pour mes produits secs. Par contre, il m’arrivait encore régulièrement d’acheter quelques produits à la Migros de mon quartier: le jus d’orange bio, le lait d’avoine, le papier toilette, la nourriture pour chats et quelques autres produits dont ma petite famille n’a pas envie de se passer. Le défi ne s’annonçait donc pas trop difficile à relever pour moi. J’ai repris quelques habitudes perdues, comme le fait de faire du pain ou des cookies pour les enfants. Cette année, je n’ai pas comparé mon budget, car je l’ai fait de manière très stricte l’année dernière. Mais je peux dire que je n’ai pas dépensé plus qu’un mois hors défi. Comme l’année dernière, j’ai exclu la semaine de vacances au ski du défi. J’ai néanmoins gagné quelques belles nouvelles habitudes lors du défi de cette année:

  • Acheter mon repas de midi (et aussi du pain) dans le magasin « Äss-Bar » qui vend principalement des produits de boulangerie de la veille et lutte ainsi contre le gaspillage alimentaire.
  • Ne plus commander aucun livre chez Amazon (l’une des mes bêtes noires jusqu’au visionnage du fameux reportage M6 sur le gaspillage), mais les acheter à la boutique indépendante Les Colines en vieille ville de Bienne (ou utiliser leur boîte à livres voyageurs).
  • Utiliser mes fonds de placards pour réaliser des repas et ne pas faire de stocks comme si la guerre allait éclater demain.

Ces habitudes là, je veux les garder. Et je vais essayer de tenir le plus longtemps possible sans aller au supermarché. Ca s’avère néanmoins difficile pour les produits que ma famille me réclame… On fait du mieux qu’on peut, hein ?

Les biennois et biennoises ont répondu présent

Fevrier sans supermarché bannière du groupe de Bienne

Je suis tellement heureuse de l’engouement des biennois et des biennoises pour le défi. Plus de 300 personnes se sont inscrites sur le groupe Facebook dédié. Des journalistes ont relevé le défi et ont partagé leur expérience dans la presse. Des commerçants ont fait des offres spéciales.

J’ai rassemblé quelques témoignages que je voudrais vous partager:

Gaël, papa de deux enfants, la famille habite à Bienne

C’était une idée que nous avions déjà eue avec mon épouse. Cette fois « février sans supermarché » était un peu le prétexte pour se lancer de manière assez stricte, mais ludique aussi via le groupe Facebook. Comme c’est moi qui fait les courses dans la famille, c’était aussi un moyen de prendre le temps et d’avoir ce temps pour moi. La plus belle découverte a été Le petit coin. Je connaissais déjà, mais je n’y étais jamais entré pour acheter. Je me contentais jusque là de regarder à travers la vitrine. Autrement au marché tout dernièrement un boucher a eu un stand, et la viande vendue et les saucisses sèches sont justes incroyable. Il est en plus super sympa ! Je n’ai pas eu de difficultés particulières. Ce que nous pensions ne pas pouvoir acheter ailleurs qu’au supermarché, nous l’avions acheté en avance et en suffisance pour février. Par exemple le papier toilette, du lait de riz à la noisette (qu’on ne trouve que dans un supermarché spécifique), des pastilles lave-vaisselle, des lingettes à mouiller pour nettoyer les fesses des bébés et du déodorant pour homme. Nous avons maintenant vu que ça marche sans supermarché alors nous allons continuer. Ce que nous ne trouvons pas en épicerie ou au marché, nous continuerons d’aller une fois par mois voire moins, au supermarché. Après, nous regardons aussi les prix et faisons marcher la concurrence entre les divers vendeurs. Nous avons fait pas mal de choses nous-mêmes durant ce mois de février. Avant d’avoir les enfants nous le faisions déjà, donc nous avons repris cette vieille habitude. Une chose que je regrette dans le « février sans supermarché » est que finalement c’est le vendeur qui est au centre du défi. On évite les grands distributeurs, surtout pour la nourriture. Mais l’aspect surconsommation et surtout les possibilités de réparer les objets sont un peu mis de côté. C’est un peu dommage et ça pourrait faire partie du défi de manière plus explicite.

Jana Talòs, journaliste qui vit en couple (résumé de son article dans le Bieler Tagblatt)

Le communiqué de presse est arrivé à la rédaction un jour avant le début du défi. Il ne restait donc pas beaucoup de temps pour se préparer, mais avec une collègue, nous avons tout de même décidé de participer à l’expérience. Au début, je me suis dit que ça ne devait pas être si difficile, mais je me suis vite rendue compte que j’avais des habitudes bien ancrées. Je me suis donc organisée différemment, j’ai fais attention à toujours avoir quelques chose à grignoter sur moi pour éviter de courir à la Coop en face de mon lieu de travail dès que j’ai un creux. J’ai aussi planifié mes repas de la semaine et j’ai fais mes courses au marché le samedi matin et je me suis rendue dans les épiceries bio. Pour les courses spontanées en semaine, le défi c’est avéré plus compliqué, car je termine en général mon travail à 19h. A cette heure, seuls les supermarchés sont encore ouverts. J’ai donc aussi appris à cuisiner avec les fonds de placards et je me suis rendue compte qu’on aurait pu tenir quelques jours avec qu’il nous restait. Par contre, j’ai dû faire des compromis durant les vacances de ski, car mis à part le supermarché, il n’y avait qu’un boucher dans le village où nous étions. En bilan du défi, je constate deux choses importantes: j’ai dépensé un peu moins d’argent que le mois précédant et surtout ma poubelle est beaucoup plus vide. Ce dernier point est certainement dû au suremballage typique des supermarchés. Je vais garder mes bonnes habitudes, tels que le marché et le magasin bio. Mais je vais probablement retourner au supermarché pour acheter quelques produits que j’aime beaucoup et qui m’ont manqué durant le défi. (lire l’article complet en allemand)

Aude, maman de 2 enfants, la famille habite à Bienne

J’ai eu envie de tester une autre façon de consommer. Être acteur par le biais de mon argent en soutenant de petits commerces plutôt qu’en amplifiant les bénéfices de la Migros. Je voulais aussi voir l’impact sur le porte-monnaie en n allant plus au supermarché. Ma plus belle découvert ce fut de voir mes enfants émerveillés en entrant dans les différentes boutiques de la région, en échangeant avec les commerçants, découvrir ensemble de nouveaux produits. En fait on a découvert tous les 4 que faire les courses ça pouvait être chouette! Question difficulté je dirais que c’était pas évident de prévoir les menus à la avance et surtout de gérer les repas imprévus. J’ai du apprendre à anticiper d avantage. Je compte continuer d’aller principalement chez les commerçants du coin mais avec une flexibilité pour les imprévus ou courses de dernière minute.

Les commerçants ont aussi ressenti les effets de l’action, j’ai reçu plusieurs commentaires dans ce sens. Voici deux témoignages:

Thomas Böhner, Epicerie 79a

Il est difficile de dire si de nouvelles personnes sont venues nous voir suite à l’action « février sans supermarché » ou si certains ont acheté chez nous plutôt qu’au supermarché. Nous sommes un magasin de quartier. La plupart des gens qui viennent chez nous habitent dans notre quartier, seuls quelques personnes montent sur notre colline exprès pour nous. Ce que je remarque dans la pratique, c’est qu’il y a de plus en plus de nouveaux visages qui achètent chez nous. J’ai l’intention de mener une enquête pour connaître les motivations des personnes qui font leurs achats dans notre magasin de quartier. Depuis quelques mois, nous réalisons régulièrement un chiffre d’affaires plus important qu’au cours du mois correspondant de l’année précédente. Beaucoup de gens nous disent qu’ils sont heureux de ne pas avoir à aller au supermarché en ville, parce qu’ils trouvent presque tout chez nous. Je remarque aussi que mes clients n’emballent plus leurs fruits et légumes dans les sacs mis à disposition et qu’ils sont attentifs à l’emballage d’un produit.

Epicerie79a, rue du Stand, 79a, 2502 Bienne / www.epicerie79a.ch

Christine Remund Rentsch, La Portion Magique

Alors j’ai bien senti une augmentation et de la fréquentation et du chiffre d’affaires ce mois de février. Après, c’est toujours difficile de l’attribuer à une cause : est-ce que c’est le février sans supermarché ou simplement une prise de conscience des gens… Mais je pense que l’action a certainement aidé. J’ai également eu quelques clients qui on dit expressément qu’ils faisaient le défi ! Après j’espère qu’ils vont garder les bonnes habitudes. En tous cas un grand merci pour l’organisation et la communication !

La Portion Magique, Kirchgässli 5, 2502 Bienne / www.portion-magique.ch

commerces_bienne_lumaiblog

Que l’aventure continue

Beaucoup de personnes interrogées sont motivées à prolonger le défi ou du moins à garder quelques unes des nouvelles habitudes acquises durant le mois sans supermarché. Privilégier les commerces indépendants et les circuits courts, c’est voter avec son porte-monnaie pour une économie alternative. C’est choisir de donner son argent à des personnes engagées, dont le profit n’est pas la seule motivation. C’est aussi lutter contre le suremballage et la surconsommation. C’est aussi montrer l’exemple, à ses enfants, à son entourage, démontrer qu’il est possible de consommer différemment, de changer ses habitudes, que ce n’est pas forcément plus cher. C’est soutenir une économie locale et raisonnée. C’est se protéger du marketing et des fausses actions. Nous l’avons répété plusieurs fois tout au long du défi, il ne s’agit pas de boycotter les supermarchés, mais de consommer de manière consciente.

Revue de presse et de blogs

Un grand merci à tous les participants, journalistes, blogueurs et administrateurs des groupes Facebook qui ont fait parler de la cause! Je rappelle que ces deux derniers ont fourni un travail totalement bénévole pour soutenir l’action. L’association « En vert et contre tout » , initiatrice du défi, s’engage de manière très active pour différents thèmes liés à l’écologie. Vous pouvez soutenir son travail en faisant un don sur la plateforme Tipeee.

A l’année prochaine !

Tina

4 Commentaires

  1. Virginie

    Coucou,
    Merci pour ton bilan et surtout la bonne humeur et l’entraide durant ce mois de février (et tout le reste de l’année :-))!
    Oui, que l’aventure continue!
    Des bisous
    A ce soir
    Virginie

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  2. Cara

    J’ai aussi participé au défi, et d’ailleurs j’en ai parlé sur mon blog à plusieurs occasions. (Là par exemple : http://c-est-reparti.blogspot.com/2019/03/fevrier-sans-supermarche-quatrieme.html ) Nous avons fait quelques écarts, mais dans l’ensemble, nous nous y sommes tenus ! Je vais garder plusieurs de mes bonnes habitudes, comme le marché et le magasin en vrac.
    Je ne savais pas qu’il y avait un Ässbar à Bienne ! J’y vais très souvent à Fribourg (où je suis assez régulièrement), mais j’aimerais bien qu’ils en ouvrent un plus près de chez moi, à Neuchâtel. Je craque toujours pour des mille-feuilles ou de bonnes pâtisseries.

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    • tina

      Salut Cara, merci pour ce partage ! Belle journée!

      Réponse
  3. Justine

    Tu peux être fière de toi et c’est toujours super de partager ça pour motiver tes lectrices et lecteurs. Je fais au mieux pour y arriver aussi, même si ce n’est pas encore ça, mais te lire me motive encore plus 😀

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