Ne vous inquiétez pas, dans cet article je ne vais pas vous proposer de recycler en méditant, ni de méditer sur le fait de recycler. J’ai juste trouvé que le titre était évocateur du message que j’espère faire passer.
Cet article, ça fait longtemps que je le prépare. J’ai fais pas mal de recherches pour le rédiger et investi beaucoup de temps. Pourtant j’ai longuement hésité à le publier. Je vous explique pourquoi :
Recycler est un bon début, mais pas la solution au problème des déchets. Je le savais déjà, mais j’en ai pris encore plus conscience en regardant le reportage de Cash Investigation sur France 2. Les journalistes se penchent sur les filières de recyclage du plastique, en France et dans le monde. On se rend compte à quel point la promotion du recyclage est l’oeuvre des industriels pour faire passer la responsabilité de la pollution par les déchets sur les consommateurs. On y apprend aussi que le plastique recyclé est potentiellement dangereux pour la santé dû aux résidus de polluants organiques persistantes (POP) que l’on retrouve dans les vieux plastiques recyclés. Je vous laisse regarder le reportage pour bien comprendre la thématique si ça vous intéresse. Tout ça pour vous dire, que par cet article, je ne souhaite absolument pas promouvoir le recyclage comme solution pour débarrasser notre jolie planète de tous ses déchets. Le meilleur déchet, est celui qu’on ne produit pas. Et avant de recycler il y a d’autres gestes plus efficaces et importants à faire au quotidien. Je pense aux fameux 5R du zéro-déchet: refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter (rot). A mettre en place dans l’ordre énoncé.
Mais je suis bien consciente, que le zéro déchet est difficile à atteindre, voir même une utopie dans notre société de consommation actuelle. Je préfère donc parler de réduction des déchets plutôt que de zéro déchet. Etant maman de deux enfants, j’essaye de faire les meilleurs choix pour concilier vie pratique et réduction de l’impact de notre consommation sur l’environnement. Et je suis loin d’être « zéro déchet », je vous l’assure. Néanmoins, voici quelques gestes simple que j’applique au quotidien pour réduire mes déchets:
- J’ai toujours des sacs en tissus dans mon sac à main
- J’utilise des produits réutilisables au lieu des jetables (gourde en vadrouille, tasse de café au travail, coupe menstruelle, cotons de démaquillage en tissu, etc.)
- Je privilégie les courses sans emballage (épicerie vrac, marché, maraicher)
- Je privilégie les emballages autres que le plastique (verre, métal, papier, carton)
Mais j’ai aussi beaucoup de bêtes noires:
- Les briques de lait végétal et de jus d’orange pour mes enfants
- Les couches jetables que mon fils porte encore la nuit
- Les emballages de produits alimentaires que l’on ne trouve pas en vrac (blévitas, tofu, etc).
- Quelques produits cosmétiques dont j’ai pas envie de me passer
Ma solution pour traiter ces bêtes noires sans faire exploser ma poubelle: recycler tout ce qui est recyclable. Mais pour savoir ce qu’on peut recycler et surtout où, il faut faire quelques recherches. Je l’ai fait pour la région dans laquelle j’habite. Il est bien sûr possible que vous n’ayez pas accès aux même solutions dans votre coin.
Dans ma ville (Bienne), nous avons un ramassage municipal régulier et « gratuit » pour les déchets suivants: déchets organiques, papier, métal, verre et carton. Sans se renseigner davantage, on a donc l’habitude de jeter tout le reste dans le sac poubelle taxé qui finira à l’incinérateur régional. Hormis bien sûr le PET et les piles, qu’on a l’habitude de ramener au point de vente. Pourtant il est possible de recycler bien d’autres choses et ainsi d’alléger encore un peu plus sa poubelle et par la même occasion son budget déchet. Voici quelques exemples:
Les briques à boissons style « Tetra Pack »
Même si certaines personnes pensent qu’on peut les recycler avec le carton, ces briques sont enfaite enduites d’un film aluminium à l’intérieur et devraient finir dans nos sacs poubelles selon le manuel de gestion des déchets de la ville de Bienne. Mais 75% de la brique reste du carton, une matière donc hautement recyclable. J’ai récemment découvert, qu’un organisme s’engage pour une collecte nationale de briques à boissons en vue du recyclage. Après les bouteilles en verre et en PET, les briques à boisson sont le troisième emballage le plus courant avec environ 700 millions d’unités par an. Pour le moment seul un projet pilote est mis en place avec certaines communes. Mais la bonne nouvelle, c’est que Aldi collecte les briques à boissons dans toutes ses succursales en Suisse.
Les restes alimentaires cuits
Le gaspillage alimentaire est clairement l’un des pires fléaux de notre société de consommation. Bien sûr il faut éviter au maximum de devoir jeter de la nourriture. Mais avec des enfants qui ne finissent pas toujours leurs assiettes, on se retrouve quand-même avec des restes à jeter. C’est clair qu’on pourrait aussi garder les restes pour un prochain repas, mais comme les enfants ne sont pas les rois de l’hygiène, je trouve peu ragoutant de mettre ces restes de côté. Je ne le fais donc pas toujours. Il y a un peu deux écoles qui s’affrontent sur le compostage des restes alimentaires cuits. Les puristes disent qu’il ne faut pas les mettre au compost, d’autres disent que tant qu’il s’agit de matière organique le compost peut tout gérer. Personnellement, si j’avais mon propre compost extérieur, j’y mettrais aussi les restes d’aliments cuits. Mais en ce qui concerne le ramassage municipal, le manuel de recyclage de la ville de Bienne interdit clairement de mettre les restes alimentaires cuits dans le container de déchets organiques. Je me suis informée sur ce qui se passe avec ces déchets organiques. C’est une société de valorisation des déchets vert qui récupère nos poubelles vertes. Une grande partie de ces matières fermentables est transformée en biogaz destiné à la production d’électricité et de chaleur. Une autre partie est transformée en compost que l’on peut acheter comme engrais pour ses cultures. J’ai trouvé sur le site de cette société une fiche qui indique tout ce qui peut être composté chez eux et les restes alimentaires, y compris le poisson et la viande, y figurent. Je me suis donc renseignée auprès de la ville de Bienne des raisons de cette différence et voici leur réponse: Cela nous permet simplement d’avoir un meilleur contrôle en vue d’une élimination «propre» des déchets verts. En effet, si les restaurants ainsi que les citoyennes et citoyens éliminaient tous leurs restes de repas cuits par le biais des déchets verts, il ne nous serait plus possible d’exclure que les conteneurs mis à disposition ainsi que les petits sacs à composte ne contiennent vraiment pas d’autres matières.
Mouais, cette réponse ne me satisfait que partiellement, car d’autres villes acceptent les restes alimentaires, à l’instar de Neuchâtel par exemple. Je pense donc qu’on peut sans mauvaise conscience mettre ses restes alimentaires dans la poubelle verte, tant qu’il ne s’agit pas d’une quantité astronomique (gare au gaspillage). Mais il faut quand-même garder à l’esprit que c’est à priori interdit…
Les bouteilles en plastique autre que le PET
Ca fait des années que l’on a l’habitude de ramener les bouteilles PET au point de vente pour le recyclage. Mais peu de gens le savent, on peut aussi ramener les bouteilles en plastique PE qui sont les versions opaques et plus épaisses des bouteilles PET. Il s’agit par exemple des bouteilles de lait, des bouteilles de shampoing ou de produit de lessive. La collection se fait dans un conteneur séparé dans les supermarchés.
Les emballages en plastiques mixtes
J’ai longuement hésité à le mettre dans ma liste, car c’est vraiment le pire des plastiques. Celui qu’il faudrait à tout prix éviter. Pourtant il est omniprésent, surtout dans les supermarchés. Il s’agit par exemple des emballages alimentaires pour le fromage, charcuterie ou tofu, les pots de yaourts, les barquettes pour fruits et légumes ou biscuits, etc. Ils finissent tous dans nos poubelles, pourtant ce plastique peut aussi se recycler. Quelques chiffres :
- En Suisse, plus de 80% des déchets plastiques sont incinérés
- L’incinération d’1 kg de plastique génère 2,83 kg de CO2
- 1 kg de plastique recyclé représente une économie de consommation de pétrole pouvant aller jusqu’à 3 litres
Plusieurs déchetteries reprennent ces plastiques et les transmettent à des filières de recyclage. En Suisse, l’entreprise InnoRecycling fais la promotion du recyclage du plastique et a lancé le « Sammelsack » . Il s’agit de sacs taxés qu’on peut déposer dans différents points de collecte. Pour le moment, ces points de collecte se trouvent surtout en Suisse allemande. L’usine qui trie le plastique récolté se trouve en Autriche, juste après la frontière avec la Suisse. Environ 50% de ces plastiques peuvent être recyclés, les 50% autres sont utilisés pour produire du ciment. Après le tri, la société InnoRecycling récupère les plastiques recyclables pour en faire des granulats qui seront utilisés pour faire des tuyaux pour câbles par exemple. Selon leur site, le recyclage du plastique présente 40% à 80% moins d’impact sur l’environnement que son élimination dans une usine d’incinération moderne. Cela reste néanmoins un processus coûteux. Ce qui me dérange aussi c’est que pour l’instant il n’y a pas de point de collecte dans ma ville (Bienne) et je dois prendre ma voiture pour me rendre au point de collecte le plus proche, il s’agit de la déchetterie Sortec qui se trouve à Aarberg (à environ 18 km de Bienne). Une nouvelle déchetterie est prévue à Bienne pour 2020 et selon la ville, la collecte du plastique est envisagée. Dans l’attente, notre centrale d’incinération n’a bien entendu pas envie de voir diminuer le contenu de nos sacs poubelles, puisque l’incinération leur permet de vendre du chauffage à distance. Comme vous pouvez le voir, ici encore, tout est une question de fric… Il est donc important de le rappeler: le recyclage n’est pas une solution, c’est un business ! Il faut prendre le problème à la source et réduire le plus possible notre consommation de plastiques et cela passe principalement par la réduction des emballages. Personnellement, je n’arrive pas encore à me passer totalement des emballages en plastique. Cette solution de recyclage est donc celle qui fait le plus de bien à ma conscience écologique.
Vous pouvez acheter les sacs « Sammelsack » auprès de différents points de vente. Les prix diffèrent selon la région. A la Sortec ils coûtent CHF 1.10 pour un sac de 35l. C’est exactement le même prix qu’un sac poubelle taxé Müve pour l’incinération. Mais il existe aussi des plus grands sacs, je prends les 60l. Quand je me rends dans cette déchetterie, j’en profite pour amener tous mes autres déchets triés: piles, PET, cartons, papier, alu, etc. Histoire de ne pas faire tout ce chemin juste pour ça. Si j’ai le temps, je combine aussi avec une visite à un magasin de ferme dans la région.
Voici ce qu’on peut mettre dans le sac « Sammelsack »:
- Tous types de films : sacs de transport, sacs de caisse, films magazine, films rétractables pour boissons, films d’emballage, etc.
- Toutes les bouteilles en plastique : boissons, huile, vinaigre, shampooing, agents nettoyants, assouplissant pour le linge
- Plateaux thermoformés : emballages œufs et biscuits, barquettes à viande
- Seaux, pots de fleurs, pots de yaourts
- Emballages alimentaires pour charcuterie, fromage, etc.
Chez nous, pas tous les plastiques finissent dans ce sac, on y met surtout les grosses choses, qui me permettent de gagner de la place dans ma poubelle taxée. Et surtout les plastiques qui ne sont pas sales, car comme le sac traine 3-4 mois chez moi à la cave, je n’ai pas envie que ça moisisse.
Voilà, j’espère que cet article vous aura intéressé et que j’ai réussi à faire passer le message principal: le recyclage est un bon point de départ, mais un mauvais point d’arrivée. Je vous recommande d’ailleurs de lire l’article de Cloé à ce sujet, sur le site En vert et contre tout.
N’hésitez pas à me faire part de vos réflexions à ce sujet en commentaires. J’ai investi beaucoup de temps pour les recherches et la rédaction de cet article. Ca me ferait vraiment plaisir d’avoir votre avis sur le sujet.
Je vous souhaite une belle journée, ou une belle soirée, selon votre heure de lecture.
Tina
PS: voici encore un excellent article de Pink Coconut avec 23 façons d’éliminer le plastique de son quotidien.
PS2: et voici encore un article que j’avais écris avec des petits changements à mettre en place pour réduire ses déchets dans une cuisine.
Hello,
Merci pour ton article, je le trouve très pratique. En effet, je ne connaissais pas le recyclage des briques de lait, ni celui des plastiques d’Aarberg. Du coup, que te reste-t-il dans ton sac Müve? Merci de tes précieux conseils!
Salut Jenny, merci pour ton retour. Principalement les couches que mon fils porte encore la nuit, mais aussi les emballages sales, comme par exemples les pots de yaourts. Je comprends pas vraiment comment c’est possible, mais elle se remplit quand-même très vite 🙁 . Je te souhaite un bon début de semaine! Tina
Bonsoir Tina! J’ai trouvé ton article très intéressant. En suivant en vert et contre tout que j’ai découvert grâce à toi, j’ai maintenant bien intégré que le recyclage n’est pas une solution en soi. Par manque d’organisation et pour plein d’autres raisons, j’ai encore du mal à faire autrement, mais je fais des efforts. Merci pour l’inspiration! Bon week-end!
Salut copine de nom 🙂 Merci beaucoup pour ton commentaire. Faire du mieux qu’on peut, tout en étant conscient de ses actes est déjà un grand pas, bravo ! Je te souhaite une belle semaine. Tina
Merci beaucoup pour cet article ! Je ne savais pas que les briques de jus pouvaient être recyclées.
Nous non plus, on n’est pas zéro déchet, mais on fait aussi beaucoup d’efforts… On achète tout ce qu’on peut en vrac ou dans des contenants consignés (le lait par exemple, ou le jus de pommes, mais ça coûte extrêmement cher alors il y a deux solutions : soit on n’en boit pas tous les jours, soit on achète quand même des briques).
C’est vrai que pour notre part, on jette les restes des assiettes dans le compost ! Sauf les restes de viande, les os, etc. Ici, le guide des déchets précise que les lavasses des restaurants ne sont pas autorisées, mais il ne dit rien pour les ménages, alors j’estime qu’on a le droit de le faire (j’habite près de Neuchâtel).
Salut Cara, merci pour ton retour. Alors en ville de Neuchâtel c’est clairement autorisé, je l’ai lu sur leur site internet. Je trouve qu’à Bienne ils devraient faire la même chose… Bon début de semaine. Bye. Tina
Merci Tina pour cet article très utile! As-tu des conseils pour remplacer les sacs d’aspirateurs ou au moins en utiliser moins? Je sais qu’il existe aussi des aspirateurs sans sac mais je trouve ça un peu bête de devoir acheter un nouvel appareil ménager… Merci d’avance 🙂
Salut Alix, merci pour ton retour! Alors non, aucune idée. J’ai effectivement un aspirateur sans sac, donc je me suis jamais posée la question désolée 🙂 . Je te souhaite une belle journée! Tina
Bravo pour ton article et tes recherches!
Grâce à toi, je sais maintenant que l’on peut recycler le plastique même si ce n’est pas une « bonne » solution en soi 😉
Des bisous
Virginie
Merci Virginie. Gros becs !
Je viens de lire enfin ton article qui m’apporte plein d’informations pertinentes. Merci pour tout ce travail de recherche Tina. Il va me servir, car comme tu le dit clairement, il y aura encore des déchets produits, même dans une démarche ZD.
Bravo pour ton article, très intéressant. J’ai une question, où puis-je acheter les fameux sacs pour les plastiques alimentaires?
Et pour ceux qui désirent ne plus acheter du lait en brique, la ferme près du Poney Ranch, juste à droite avant la forêt, ils vendent leur lait pour 1.– le litre, il suffit de venir avec son contenant, en plus ils sont très sympas.
Merci encore pour cet article très détaillé. Sandra
Hello, merci pour ton message. Tu peux les acheter à la déchetterie Sortec à Aarberg. Bonne soirée. Tina